Déc 1st, 2023

Tendances du dépistage, des diagnostics et de la cascade des soins du VIH en Ontario en 2022

L’OHESI publie ce billet de blogue à l’occasion de la Journée mondiale du sida 2023, dont le thème est « Confier le leadership aux communautés ». Selon l’ONUSIDA, cette journée « est bien plus qu’une célébration des réalisations communautaires; c’est un appel à l’action pour émanciper et soutenir les communautés dans leurs rôles de leadership ». Nous reconnaissons le rôle de la communauté dans les efforts de l’OHESI, en particulier par le biais du Comité des champion-nes de l’OHESI. Les membres de ce comité nous aident à comprendre et à interpréter les données et à faire en sorte que les informations que nous produisons soient applicables dans la pratique. À l’aube d’un monde en post-COVID19, il est crucial de surveiller l’épidémie en s’appuyant sur des orientations communautaires afin de mieux comprendre la transmission du VIH et la cascade des soins pour le VIH en Ontario. 

Le dépistage du VIH retrouve pratiquement son niveau prépandémique

  • Après une baisse importante (25 %) du nombre de tests de dépistage du VIH au plus fort de la pandémie de COVID-19 (2020), le nombre de tests a continué à se rétablir en 2022. Le nombre total de dépistages du VIH (excluant les tests prénatals) en 2022 a augmenté de 5,1 % (641 745) par rapport à 2021 (610 511), mais était encore inférieur de 5,2 % au record de 10 ans atteint en 2019 (677 243).
  • Le dépistage du VIH (excluant les tests prénatals) était en hausse à la fois parmi les hommes et parmi les femmes, par rapport à 2020 et 2021, mais il demeurait inférieur aux niveaux prépandémiques.
  • Le nombre de personnes enceintes ayant reçu un test prénatal de dépistage du VIH dans le cadre du Programme de dépistage prénatal du VIH a été de 128 824 en 2022.

Figure 1 : Nombre de tests diagnostiques du VIH (excluant les tests prénatals) en Ontario, chez les hommes et les femmes, de 2013 à 2022

Les nouveaux diagnostics du VIH suivent les tendances prépandémiques

  • On a recensé 900 tests positifs au VIH en 2022 – soit 623 nouveaux diagnostics du VIH et 277 diagnostics chez des personnes ayant des preuves antérieures de VIH.
  • Parmi les 623 nouveaux diagnostics du VIH en 2022, 449 étaient chez des hommes et 165 chez des femmes.
  • Le nombre de nouveaux diagnostics du VIH a diminué de 13 % chez les hommes entre 2019 (514) et 2022 (449), et est demeuré stable chez les femmes entre 2019 (167) et 2021 (165) – cela se traduit par une diminution de la positivité des tests chez les hommes en 2022, et par une augmentation de la positivité des tests chez les femmes, par rapport à 2019.
  • Le nombre de tests positifs au VIH chez des personnes ayant des preuves antérieures de VIH a chuté de près de moitié en 2020 et 2021 par rapport à 2019 – probablement en raison du nombre réduit de personnes déjà diagnostiquées qui ont déménagé en Ontario et commencé à y recevoir des soins, au plus fort de la pandémie de COVID-19. Cependant, le nombre de tests positifs au VIH avec preuves antérieures du VIH en 2022 était comparable à celui de 2019.

Figure 2 : Nombre de nouveaux diagnostics du VIH et de résultats positifs chez des personnes ayant des preuves antérieures de VIH, en Ontario, de 2018 à 2022

Figure 3 : Nombre de nouveaux diagnostics du VIH chez les hommes et les femmes, en Ontario, de 2017 à 2022

Baisse des nouveaux diagnostics du VIH dans certaines populations clés entre 2019 et 2022

Depuis le début de l’épidémie de VIH, l’Ontario reconnaît que certaines populations – définies par leur identité sexuelle, leurs caractéristiques démographiques (y compris leur pays de naissance et leur race/ethnicité), leur comportement ou des facteurs sociaux/systémiques – sont affectées de manière disproportionnée par le VIH. Afin de réduire la transmission du VIH et d’améliorer les résultats de santé, la réponse de l’Ontario au VIH s’est concentrée sur ces populations « clés », qui incluent : les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (GBHRSH); les personnes africaines, caraïbéennes et noires (ACN); les personnes qui s’injectent des drogues (PID); les Autochtones; et les femmes qui ont des risques systémiques. Nous reconnaissons que les facteurs sociaux et systémiques peuvent être d’importants moteurs de l’épidémie dans ces populations.

Les populations clés ne s’excluent pas mutuellement et, par conséquent, le diagnostic d’un seul individu peut être attribué à plus d’une population. Cependant, en examinant les nouveaux diagnostics du VIH qui pourraient être attribués à une ou plusieurs populations clés (71 % en 2022), on constate que :

  • Les gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (GBHRSH) continuent de représenter le plus grand nombre de nouveaux diagnostics du VIH; cependant, on observe une importante diminution des nouveaux diagnostics dans cette population en 2022 (204) par rapport à 2019 (306). Cette baisse est probablement due en partie à une diminution réelle du nombre de nouvelles infections (moins de transmission), attribuable à un nombre d’Ontarien-nes utilisant la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH qui a plus que doublé entre 2018 et 2022 (rapport à paraître sur la PrEP; OHTN), composé majoritairement (98 %) d’hommes s’identifiant en grande partie comme GBHRSH.
  • Les hommes et les femmes africain-es, caraïbéen-nes et noir-es (ACN) n’ont vu aucun changement dans leur nombre de premiers diagnostics du VIH en 2022, par rapport à 2019.
  • Les hommes et les femmes qui s’injectent des drogues ont connu une diminution du nombre de premiers diagnostics du VIH en 2022, par rapport à 2019.
  • Les femmes autochtones ont vu leur nombre de nouveaux diagnostics du VIH se stabiliser en 2022, par rapport à 2019, et ce nombre a diminué chez les hommes autochtones.

Figure 4 : Nombre de nouveaux diagnostics du VIH par population clé, hommes en Ontario, 2019 par rapport à 2022

Figure 5 : Nombre de nouveaux diagnostics du VIH par population clé, femmes en Ontario, 2019 par rapport à 2021

Toronto a enregistré le taux le plus élevé de nouveaux diagnostics du VIH, tandis que la région du Sud-Ouest a connu la plus forte baisse par rapport à 2019

  • Les régions du Sud-Ouest, de Toronto et du Nord comptent moins de nouveaux diagnostics du VIH en 2022 qu’en 2019.
  • Toronto continue d’avoir le taux le plus élevé de nouveaux diagnostics du VIH, mais ce taux a diminué de 26,4 % par rapport à 2019. La région du Sud-Ouest a connu une baisse relative de 33,3 %; la région du Nord a enregistré une baisse relative de 7,1 %.
  • Les régions de l’Est et du Centre-Ouest ont connu la plus forte augmentation relative des nouveaux diagnostics du VIH entre 2019 et 2022 (46,2 % et 46,8 %, respectivement); Ottawa a connu une augmentation de 32,4 % et le Centre-Est, une augmentation de 12,4 %.

Figure 6 : Nombre de nouveaux diagnostics du VIH, 2019 et 2022, par région de l’Ontario

La cascade des soins pour le VIH en Ontario, 2022

En 2022, on estime que 20 855 personnes vivant avec le VIH connaissaient leur séropositivité (c.-à-d., avaient été diagnostiquées); 18 457 personnes recevaient des soins; 17 910 personnes suivaient un traitement antirétroviral (TAR); et 17 587 personnes avaient atteint la suppression virale (<200 copies/mL). Du nombre total de personnes diagnostiquées du VIH en Ontario en 2022, 88,5 % recevaient des soins, 85,9 % suivaient un TAR et 84,3 % avaient atteint la suppression virale. Comparativement à 2019, la proportion de personnes recevant des soins est demeurée stable et la proportion de personnes suivant un TAR et ayant atteint la suppression virale a légèrement augmenté.

NOTE : Ces proportions ne correspondent pas aux mesures des cibles 95-95-95 de l’ONUSIDA. Chaque mesure est divisée par le nombre de personnes diagnostiquées séropositives.

Figure 7 : Nombre de personnes vivant avec le VIH diagnostiquées en Ontario et engagées dans chaque étape de la cascade des soins en 2022

Figure 8 : Pourcentage de personnes vivant avec le VIH diagnostiquées en Ontario et engagées dans la cascade des soins en 2022

Surveillez la parution prochaine d’autres rapports de l’OHESI! Pour une analyse plus détaillée des tendances, soyez à l’affût des rapports à paraître sur le dépistage, les diagnostics et la cascade des soins du VIH pour l’année 2022. Les rapports les plus récents sur les diagnostics et le dépistage du VIH peuvent être consultés ici.

[1] Les données ontariennes limitées en ce qui concerne le dépistage parmi les personnes transgenres et non binaires ne sont pas incluses ici. Une analyse plus détaillée sera présentée dans le rapport à paraître sur le dépistage du VIH en 2022.

[2] Les nouveaux diagnostics du VIH n’incluent pas les diagnostics chez des personnes ayant des preuves antérieures de VIH – c’est-à-dire qu’ils excluent les personnes qui connaissaient déjà leur séropositivité au moment de leur premier dépistage du VIH en Ontario. Chaque année, certaines personnes ayant des preuves antérieures d’infection à VIH sont mal catégorisées dans les nouveaux diagnostics, en raison d’informations manquantes sur leurs antécédents de dépistage. Nous estimons qu’environ 6,9 % à 8,1 % des personnes qui reçoivent un nouveau diagnostic du VIH ont déjà reçu un diagnostic du VIH qui n’a pas été consigné

[3] Personnes qui connaissaient déjà leur séropositivité au moment de leur premier dépistage du VIH en Ontario (c.-à-d. des personnes qui déménagent en Ontario ou qui ont des antécédents de tests de charge virale).