Juil 4th, 2022

Un instantané des diagnostics de VIH et de la cascade des soins VIH parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (GBHRSH) en Ontario

Durant la Fierté 2022, l’Ontario HIV Epidemiology and Surveillance Initiative (OHESI) reconnaît toute la diversité des personnes 2SLGBTQI+ et est heureuse d’offrir un instantané décrivant l’épidémie de VIH parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (GBHRSH) en Ontario. Ce billet de blogue met en lumière des données sur les tests de dépistage, les diagnostics et la cascade des soins du VIH parmi les GBHRSH en 2020. Au cours de cette année, la pandémie de COVID-19 a affecté le dépistage, le diagnostic et les services pour l’ensemble de la population de l’Ontario; les données devraient donc être interprétées avec prudence.

Pour plus d’information sur les efforts visant à prévenir le VIH et à améliorer les résultats pour les GBHRSH vivant avec le VIH en Ontario, et sur les moyens de renforcer les capacités des intervenant-es du domaine de la prévention et des soins, visitez le site Web de l’Alliance pour la santé sexuelle des hommes gais (GMSH).

Tendances du dépistage du VIH

En raison de la pandémie de COVID-19, le nombre de dépistages du VIH a diminué en Ontario en 2020. Chez les hommes, il a diminué de 28,5 % par rapport à 2019. Par contre, après des années de déclin, le taux de positivité des tests de dépistage du VIH a augmenté chez les hommes, en 2020, pour atteindre 0,169 % – une hausse de 10 % par rapport à 2019 (0,154 %). Un taux de positivité accru peut signaler une augmentation de la transmission du VIH – mais en 2020, il est plus probable que cela indique qu’un nombre relativement moindre d’hommes à faible risque ont été dépistés pour le VIH. (Voir le billet de blogue de décembre 2021 de l’OHESI à ce sujet [Figures 1 et 3].)

Une grande majorité (70,4 %) des 167 712 dépistages du VIH effectués chez des hommes en 2020 ne mentionnaient pas de catégorie d’exposition.

Figure 1a. Nombre de dépistages du VIH par catégorie d’exposition, hommes, Ontario, 2016-2020

Figure 1b. Pourcentage de dépistages du VIH par catégorie d’exposition (lorsque déclarée), hommes, Ontario, 2016-2020

Les GBHRSH représentaient une part plus importante que les années précédentes des 29,6 % de dépistages du VIH chez les hommes ayant déclaré une catégorie d’exposition : de 29,7 % en 2016 à 37,8 % en 2020. Il en ressort que les GBHRSH sont largement surreprésentés dans le dépistage du VIH en Ontario, puisque nous avons précédemment estimé que les GBHRSH représentaient 4,1 % de tous les hommes adultes de la province. Étant donné que les GBHRSH constituent la majorité des premiers diagnostics de VIH en Ontario, il est logique qu’ils soient surreprésentés dans le dépistage du VIH.

Tendances du nombre de GBHRSH diagnostiqués du VIH*

Les diagnostics attribués aux GBHRSH sont définis par le fait d’avoir déclaré des rapports sexuels avec des hommes ou des hommes transgenres, de même que des contacts sexuels avec des hommes en tant que facteurs de risque pour le VIH. Étant donné que ces renseignements n’ont pas été déclarés pour 15,7 % des premiers diagnostics de VIH et 15,9 % des résultats positifs au dépistage du VIH entre 2011 et 2020, les chiffres déclarés pourraient être sous-estimés. Les données présentées sont celles pour lesquelles le statut GBHRSH a été déclaré.

Figure 2. Nombre de premiers diagnostics de VIH et de personnes ayant des preuves antérieures de statut VIH, GBHRSH, Ontario, 2011-2020

Parmi les 270 résultats positifs au dépistage du VIH chez des GBHRSH en Ontario en 2020, au moins 55 (20,4 %) concernaient des GBHRSH qui savaient déjà qu’ils avaient le VIH – c’est-à-dire des GBHRSH diagnostiqués ailleurs et qui commençaient à recevoir des soins en Ontario; et 215 (79,6 %) étaient considérés comme de nouveaux diagnostics de VIH, c’est-à-dire que les personnes ont appris leur statut VIH pour la première fois et étaient plus susceptibles d’avoir contracté l’infection en Ontario.

Après une relative stabilité de 2011 à 2018 (moyenne de 354), le nombre de premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH a reculé de 10,8 % en 2019 (à 306) et de 29,7 % en 2020 (à 215). Cela peut s’expliquer par : 1) un recours croissant à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et des taux accrus de suppression virale chez les personnes vivant avec le VIH – deux facteurs qui contribuent à prévenir la transmission du VIH; et 2) la pandémie de COVID-19, qui a contribué à la diminution du dépistage et des premiers diagnostics de VIH en 2020 (vu la réduction de la transmission sexuelle du VIH). Malgré cette récente diminution des premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH, ce groupe représentait encore environ six premiers diagnostics de VIH sur dix (62,7 %) en 2020 – une tendance relativement stable depuis 2011 (moyenne de 63,7 %).

Entre 2019 et 2020, on constate également une diminution du nombre de résultats positifs chez les GBHRSH qui savaient déjà qu’ils avaient le VIH (de 77 à 55). Cela peut probablement s’expliquer par la diminution de l’immigration et de la migration pendant la COVID-19, qui a contribué à réduire le nombre de résultats positifs chez des personnes ayant des preuves antérieures de statut VIH.

* Dans son feuillet d’information précédent, intitulé « Mise à jour sur l’épidémiologie du VIH chez les hommes homosexuels, bisexuels et autres ayant des rapports sexuels avec des hommes (HBHSH) en Ontario, 2019 », l’OHESI faisait état du nombre total estimé de premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH, en tenant compte des diagnostics dont le statut GBHRSH était inconnu. Ici, nous présentons plutôt les données brutes, tout en notant que le statut GBHRSH n’était pas déclaré dans 15,7 % des premiers diagnostics de VIH – ce qui explique la différence entre les chiffres.

Note : Sur la base de renseignements concernant les antécédents de dépistage, l’OHESI estime qu’environ 5 à 6 % des hommes classés dans la catégorie des premiers diagnostics de VIH entre 2011 et 2020 savaient déjà qu’ils avaient le VIH avant d’obtenir un résultat positif en Ontario.

Un GBHRSH sur 20 diagnostiqué du VIH pour la première fois déclare une injection de drogues

Figure 3a. Nombre de premiers diagnostics de VIH par catégorie d’exposition, GBHRSH, Ontario, 2016-2020

Le nombre de GBHRSH diagnostiqués du VIH pour la première fois et déclarant uniquement des contacts sexuels entre hommes a diminué, de 338 en 2017 à 206 en 2020. Le nombre de ceux déclarant également l’injection de drogues (ID) a aussi diminué, de 23 en 2019 à 9 en 2020. Il se peut que les facteurs de risque liés au VIH, en particulier l’ID, n’aient pas été aussi bien documentés en 2020 qu’auparavant en raison de la perturbation des services de dépistage.

Figure 3b. Pourcentage de premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH ayant déclaré une ID et des contacts sexuels entre hommes, Ontario, 2011-2020

La répartition proportionnelle des premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH selon la catégorie d’exposition demeure relativement stable : en moyenne, 5,5 % des premiers diagnostics de VIH parmi ce groupe étaient attribués à l’injection de drogues et à des contacts sexuels entre hommes, entre 2011 et 2020.

Le nombre de premiers diagnostics de VIH diminue plus rapidement parmi les GBHRSH blancs que chez ceux de couleur

Figure 4a. Nombre de premiers diagnostics de VIH selon la race/ethnicité, GBHRSH, Ontario, 2016-2020

En 2020, les GBHRSH blancs représentaient le plus grand nombre de premiers diagnostics de VIH (76), suivis des GBHRSH noirs (34) et latino/é/x (31). Le nombre de premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH blancs a diminué de 45,3 %, passant de 139 en 2019 à 76 en 2020, alors que le nombre de diagnostics chez les GBHRSH d’autres races/ethnicités n’a diminué que de 15,2 %.

Toronto a connu la plus forte baisse du nombre de premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH en 2020, mais constituait tout de même deux tiers des diagnostics parmi ce groupe

Figure 5. Nombre de premiers diagnostics de VIH selon la région, GBHRSH, Ontario, 2016-2020

De 2019 à 2020, la plus forte diminution (de 202 à 143) du nombre de premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH s’est observée à Toronto. Il n’en demeure pas moins que la plupart des premiers diagnostics de VIH chez les GBHRSH (66,8 %) ont eu lieu à Toronto, en 2020, et que cette tendance est très stable dans le temps.

La cascade des soins VIH parmi les GBHRSH

La cascade des soins du VIH est un moyen d’évaluer si toutes les personnes vivant avec le VIH en Ontario reçoivent des soins appropriés et ont la possibilité d’obtenir de bons résultats de santé. Cette cascade surveille trois indicateurs clés : la proportion de personnes diagnostiquées du VIH qui reçoivent des soins, la proportion de celles qui suivent un traitement antirétroviral (TAR) et la proportion de celles qui ont atteint la suppression virale (ce qui protège leur santé et prévient la transmission du VIH à leurs partenaires sexuel-les).

 

Environ 12000 GBHRSH diagnostiqués du VIH vivaient en Ontario en 2020

Figure 6. Nombre de GBHRSH diagnostiqués du VIH et proportion de ceux qui reçoivent des soins, qui suivent un TAR et qui sont sous suppression virale, Ontario, 2020

En 2020, on estimait à 12 027 le nombre de GBHRSH diagnostiqués du VIH qui vivaient en Ontario. De ceux-ci, on estime que 88,7 % recevaient des soins pour le VIH, 86,9 % suivaient un TAR et 85,6 % étaient sous suppression virale. Ces taux élevés d’implication dans les soins et traitements signifient que la plupart des GBHRSH diagnostiqués du VIH sont sous suppression virale et ne peuvent pas transmettre l’infection à leurs partenaires sexuels.

En 2020, la plupart des GBHRSH diagnostiqués du VIH qui vivaient en Ontario recevaient des soins, suivaient un TAR et étaient sous suppression virale

À l’échelle mondiale, les cibles 90-90-90 de l’ONUSIDA servent à comparer la prévention et le traitement du VIH entre les pays. Elles visent à ce que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient diagnostiquées; 90 % des personnes diagnostiquées suivent un TAR; et 90 % des personnes sous TAR atteignent la suppression virale.


Figure 7. Cibles 90-90-90 de l’ONUSIDA, globalement (première cible) et spécifiquement chez les GBHRSH (deux cibles suivantes), Ontario, 2020

*Le pourcentage de 89,0 % de personnes diagnostiquées du VIH concerne toutes les personnes vivant avec le VIH en Ontario, et non précisément les GBHRSH. Le pourcentage de personnes non diagnostiquées est estimé par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).

Nous ne disposons pas d’une estimation de la fraction non diagnostiquée précisément chez les GBHRSH de l’Ontario en 2020. En ce qui concerne les deux autres cibles, 86,9 % des GBHRSH diagnostiqués du VIH suivaient un TAR et, de ceux-ci, 98,4 % étaient sous suppression virale (CV<200 copies/ml).

Il est à noter que 85,6 % de l’ensemble des GBHRSH diagnostiqués du VIH (sous traitement ou non) sont sous suppression virale (Figure 6), mais que cette proportion grimpe à 98,4 % chez ceux qui sont diagnostiqués et sous traitement (Figure 7).

Les GBHRSH diagnostiqués du VIH continuent à accéder rapidement aux soins après leur diagnostic et atteignent plus rapidement la suppression virale

Figure 8. Temps écoulé entre le diagnostic de VIH et l’arrimage aux soins chez les GBHRSH nouvellement diagnostiqués du VIH en Ontario, 2019

En 2019, un GBHRSH sur cinq nouvellement diagnostiqué du VIH (19,9 %) a été relié à des soins dans la semaine suivant son diagnostic, et cette tendance est relativement stable depuis quelques années. Près des trois quarts (74,1 %) ont été reliés à des soins dans un délai d’un mois, comparativement à 55,9 % en 2010; et 89,8 % ont reçu des soins dans les trois mois, ce qui reste inchangé depuis quelques années.

Figure 9. Temps écoulé entre le diagnostic de VIH et la suppression virale chez les GBHRSH nouvellement diagnostiqués du VIH en Ontario, 2019

En 2019, la moitié (50,5 %) des GBHRSH nouvellement diagnostiqués du VIH ont atteint la suppression virale dans les trois mois suivant leur diagnostic, comparativement à 5,9 % en 2010. La proportion de ceux qui ont atteint la suppression virale dans les six mois suivant leur diagnostic est passée de 23,9 % en 2010 à 80,1 % en 2019.

Vous trouverez ces renseignements et plus encore dans nos prochains rapports de 2020
sur le dépistage, le diagnostic et la cascade des soins!

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L’OHESI est le fruit d’une collaboration entre les Programmes sur le sida et l’hépatite C du ministère de la Santé de l’Ontario, Santé publique Ontario, l’Agence de la santé publique du Canada et le Réseau ontarien de traitement du VIH. Elle a pour objectifs d’analyser et de surveiller l’épidémie du VIH en Ontario, et de disséminer des produits de connaissances sur le sujet.